La SACD

Les journées du Patrimoine sont toujours l'occasion de découvrir des petites pépites habituellement fermées au public. La patience n'étant pas ma qualité première, je cible les lieux où la file d'attente sera courte voire inexistante. Je suppose que je ne verrai jamais l'intérieur du Palais de l'Elysée, mais tanpis je m'en remettrai. Cette année, j'ai concentré mes visites dans le 9ème arrondissement avec la salle de l'Union de Paris, les bureaux de Mozilla situés dans l'Hôtel de Mercy-Argenteau et l'Hôtel Blémont qui abrite le siège de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD).

Je me suis permise de reprendre les excellents commentaires fournis par la SACD pour cette occasion. 

 

Historique du bâtiment

L'hôtel particulier est avec d'autres bâtiments proches comme le musée Renan Schaeffer ou le musée Gustave Moreau, un beau témoignage de l'urbanisation qui, au milieu du XIXème siècle, transforma l'espace compris entre la Chaussée d'Antin, Notre-Dame de Lorette et la barrière de Clichy, en un quartier à la mode, où se côtoyaient artistes et grands bourgeois, et que la postérité désignera sous le nom de "Nouvelle Athènes".

Construit sous le Second-Empire par un financier dénommé Eugène Bertin, légué à un banquier au début du XXème siècle, puis acheté par le poète Emile Blémont qui y demeura jusqu'à sa mort en 1927, l'hôtel qui porte désormais le nom de ce dernier, a été acquis en 1932 par la SACD.

Le bâtiment est un formidable témoin de ce qui était, il y a plus d'un siècle, une demeure privée de la grande bourgeoisie parisienne.

 

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Les salons

Le salon rouge

Ce premier salon tendu de rouge sert actuellement de bureau pour les membres du Conseil d’Administration de la SACD. À gauche un portrait d’Eugène Scribe, auteur dramatique, pré-sident de la SACD en 1829 (lors de sa constitution sous forme de Société civile, prenant la suite du Bureau des Auteurs dramatiques créé par Beaumarchais) peint par Albert Launay (1908), et entre les fenêtres un pastel fin XVIIIème représentant Nicolas-Étienne Framery, avec qui Beaumarchais fonda en 1777 la Société des Auteurs.

Sur la cheminée, un buste en bronze de Molière, et sur les murs des gravures (Collection Martinet/Début XIXème siècle) représentant des comédiens français dans les grands rôles du répertoire, ainsi qu’une gravure à la manière de crayon d’Achille Deveria (mort en 1857) représentant Alexandre Dumas.

 

Les salons verts

Ces deux salons abritent le Conseil d'administration de la SACD lors de ses réunions régulières. Ils sont remarquables par leurs proportions, et par leurs deux plafonds aux ciels encadrés de balustres peints en trompe-l'oeil, et par leurs portes et boiseries dans l'esprit du XVIIIème siècle.

Dans le premier, qui se prolonge par un bow-window ouvrant sur le jardin, on remarque à gauche un portrait de Romain Coolus, auteur dramatique et président de la SACD dans les années 1915-1920, peint par Kees Van Dongen (1877-1968).

Dans le second, sur la cheminée en marbre gris, un buste en marbre de Caron de Beaumarchais, auteur dramatique, fondateur de la SACD en 1777, sculpté en 1885 par Henri Allouard (1844-1929). Aux quatre coins du plafond, encadrant le ciel en trompe-l'oeil, des peintures figurant les attributs des différents arts (peinture, musique, sculpture, poésie, etc...).

A gauche, un piano à queue Pleyel, qui fut celui de Maurice Yvain, compositeur d'opérettes (Ta bouche) et de musique de très nombreuses chansons (entre autres Mon homme, créée par Mistinguett, et Un dimanche au bord de l'eau, chantée par Jean Gabin dans le film de Julien Duvivier La Belle Equipe) dans les années "folles" (1920-1930). 

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Le bureau du président

Sans doute ancienne salle à manger, cette pièce qui abrite aujourd'hui le bureau de la présidente de la SACD, tranche avec les deux précédentes par son décor Renaissance, style également en vogue dans la seconde moitié du XIXème siècle. On notera particulièrement l'imposante cheminée et le plafond à la française avec ses poutres apparentes.

Au dessus de la cheminée, un portrait anonyme (XIXème siècle) du célèbre romancier et auteur dramatique Alexandre Dumas et sur l'un des murs le texte du "décret sur les spectacles" du 19 janvier 1791, première loi sur le droit d'auteur.

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Le jardin d'hiver

Le jardin d'hiver, agrémenté de plantes méridionales (hibiscus, caoutchoucs) et vertes dans un décor de rocailles typique du XIXème siècle, est doté d'un bassin alimenté par une petite cascade. On remarquera sa frise de carrelages colorés au dessus des fenêtres qui s'ouvrent sur le jardin.

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Le jardin

Vaste de près de 800m2, le jardin est un havre de verdure et de calme, à l'ombre de ses arbres dont les plus anciens sont sans doute la seule survivance du Jardin Tivoli du début du XIXème siècle.

Il donne accès à la rue (en impasse) du Cardinal Mercier, percée vers 1874-1875 sur le terrain de l'ancienne prison pour dettes de Clichy, et à la jolie fontaine qui en orne la partie terminale.

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La cour

On accède à l'hôtel Blémont par la cour pavée qui s'ouvre sur la rue Ballu, par deux grands portails encadrant une petite loge de concierge. A droite en entrant, les anciennes écuries et remises ont été transformées en bureaux. A gauche figure sur diverses plaques la liste des présidents de la SACD depuis 1829. parmi lesquels apparaissent des noms illustres, comme Eugène Scribe, Victor Hugo, Alexandre Dumas fils, ou plus près de nous Maurice Donnay, Marcel Pagnol, Alain Decaux, André Roussin, Claude Santelli, Laurent Heynemann, Pierre Tchernia, Francis Girod.

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La bibliothèque

En ressortant par la cour, on accède - aux numéros 5 et 7 de la rue Ballu - aux deux pavillons jumeaux dans lesquels sont installés, à gauche la bibliothèque de la SACD, et à droite sa "Maison des Auteurs".

Ces deux pavillons ont été acquis par la SACD en 1960 auprès des Hospices de Chartres à qui les avait légués leur précédent propriétaire Monsieur Narcisse Maugin, ingénieur (1820-1911). Construits en 1868 par l'architecte Brevet, ils témoignent eux aussi de l'habitat de la grande bouergoisie parisienne au XIXème siècle.

Ce n'est que depuis les années 1980 que le pavillon de gauche abrite la Bibliothèque de la SACD, qui était auparavant installée dans les autres locaux de la Société au 9-11 rue Ballu.

A la fois bibliothèque patrimoniale et centre de documentation, la Bibliothèque de la SACD, spécialisée dans les arts du spectacle, rassemble 200 000 documents, du XVIIème siècle à nos jours, se rapportant au théâtre, à la musique, à la danse, au cinéma, à la radio, à la télévision.

Le fonds initial est constitué par la collection de Francisque Hutin, dit Francisque Le Jeune (1808-1871) comédien et collectionneur bibliophile qui, en 1862, fit don à la Société des Auteurs de sa bibliothèque théâtrale. Par la suite, la bibliothèque a étendu ses collections à tous les répertoires de la SACD.

La Bibliothèque exploite également les archives historiques de la Société. Sous forme de registres de droits ou de comptes rendus, elles retracent plus de 200 ans d'histoire du spectacle et renseignent sur les répertoires des auteurs, des théâtres et sur les combats menés par les créateurs.

De nombreux auteurs cèdent à la bibliothèque leurs ouvrages et pour certains leurs archives qui font ainsi l'objet d'un fonds particulier.

La Bibliothèque met ce patrimoine à disposition du public et s'attache également à promouvoir le répertoire des auteurs contemporains. Elle accueille comédiens, metteurs en scène, directeurs de théâtre, historiens, éditeurs, journalistes, universitaires.

La bibliothèque de la SACD
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11 bis rue Ballu

75009 Paris

 

Métro : Place de Clichy, Blanche ou Liège.

 

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